En ce temps-là, nos fleurs vendaient leur viande aux chiens
Et nous habitions tous de sordides tripots
Avec des aiguillages pour nos petits matins,
Quand le beau macadam nous traitait de salauds,
Nous traitait de salaud.
Nous vivions nos vertiges dans des vibrations folles
Et gerbions nos enzymes en nous gueulant : moteur !
Mais entre deux voyages, entre deux verres d'alcool,
Nous n'avions pas le temps de décompter nos heures,
De décompter nos heures.
Nous étions les danseurs d'un monde à l'agonie,
En même temps que fantômes conscients d'être mort-nés.
Nous étions fossoyeurs d'un monde à l'agonie.
En ce temps-là, le rien s'appelait quotidien
Et nous allions pointer dans les jobs interdits.
Dans les musiques blêmes, dans les sombres parfums
Dans les dédales obscurs où plane la folie
Où plane la folie
Et nous avions des gueules à briser les miroirs,
À ne montrer nos yeux que dans le contre-jour,
Mais entre deux délires, entre deux idées noires,
Nous étions les plus beaux, nous vivions à rebours,
Nous vivions à rebours.
Nous étions les danseurs d'un monde à l'agonie,
En même temps que fantômes conscients d'être mort-nés.
Nous étions fossoyeurs d'un monde à l'agonie.
En ce temps-là, les gens s'appelaient citoyens.
Nous, nous étions mutants, nous étions androgynes.
Aujourd'hui, la tempête a lynché mes copains
Et je suis le dernier à rater mon suicide,
À rater mon suicide.
Mais je veux vivre encore plus ivre de cramer.
Je veux ronger le mal jusque dans ses recoins.
J'ai traîné mes vingt siècles d'inutilité.
Je n'ai plus rien à perdre, mais j'en veux pour ma fin,
J'en veux pour ma faim.
[ Exil sur planete fantome - hubert felix thiefaine ]
Lundi 19 juillet 2010 à 15:29